Le dico naturo #3 : Dossier sur le jeûne thérapeutique

Chaque mercredi, c’est notre rendez-vous “Le Dico Naturo” avec notre Naturopathe Fatima Khemar ! Une rubrique qui parle de naturopathie et plus largement de santé holistique. Cette rubrique est sous forme de dictionnaire, une sorte d’abécédaire de la naturopathie, pour qu’elle soit à la fois pédagogique et agréable à lire.⁠ A chaque fois, Fatima choisira un mot qu’elle développera sur Instagram et sur le blog. Si vous souhaitez participer à cette rubrique, n’hésitez pas à laisser en commentaire les sujets que vous souhaitez qu’elle aborde ! Aujourd’hui, pour ce troisième billet, on parle de jeûne thérapeutique

Ecouter ce dossier en podcast :

 

Le jeûne au cours de l’Histoire

Origine religieuse

Le jeûne est pratiqué depuis des millénaires. Il a toujours fait partie de l’Histoire de l’Homme et de son évolution notamment dans les religions et les spiritualités. Comme disait très justement Asma LAMRABET, “le jeûne est l’expression d’une conviction, d’une rupture, d’un choix ou d’une subversion, l’affirmation d’une force intérieure du dépouillement de soi et c’est forger une discipline dépuratrice de l’âme et du corps.”

Il est présent particulièrement dans les trois religions monothéistes (le Ramadan chez les musulmans, le Carême chez les Chrétiens et Yom Kippour chez les juifs) mais pas seulement, le jeûne est aussi présent chez les indous et les bouddhistes.  Dans les religions, le jeûne permet de se purifier et de s’élever spirituellement. Cette pratique s’associe avec une certaine retenue de la parole, l’assiduité de la prière mais aussi le partage avec les plus démunis.

Evolution dans la médecine du jeûne thérapeutique

A l’antiquité, Hippocrate (460-377 av J-C) disait “quand le corps est chargé d’humeurs impures, faites lui supporter la faim, elle dessèche et purifie”. Puis au 11è siècle, c’est le médecin et investigateur persan Avicenne qui exposait les effets les plus importants du jeûne sur la santé. Il conseillait aux malades de jeûner durant 3 semaines. Au 16è siècle, le médecin Paracelse définit la notion “d’Archaeus” ou “médecin intérieur”, la capacité d’autorégulation du corps stimulée par le jeûne. Au 19è siècle, le médecin américain Edward Hooker Dewey publie son livre “Le jeûne qui guérit, la méthode des 2 repas” qui a eu un succès en Europe . A la même époque, le médecin anglais Henry Tanner expérimente le jeûne de longue durée sous la surveillance d’une équipe médicale.

Au 20è siècle, le docteur allemand Otto Buchinger ouvre sa première clinique spécialisée dans l’expérimentation du jeûne et démocratisa ainsi cette pratique. Il a introduit le jeûne thérapeutique en Europe occidentale. Il disait : “Quand on jeûne, ce n’est pas le corps qui a faim, c’est l’âme.” A la fin du 20ème siècle, le psychiatre russe Yuri Nicolaev expérimenta le jeûne sur des personnes atteintes de schizophrénie, de dépression, phobie, et de syndrome obsessionnels. Les résultats de ces expérimentations (environ sur 8000 personnes) on été plus que positifs, à tel point qu’une grande campagne de recherche sur le jeûne a été lancé en Russie (Union soviétique).

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, bien que le jeûne à des fins thérapeutiques est sujet à polémique dans le monde scientifique, il s’est davantage répandu comme un excellent moyen d’être en meilleur santé (physique et mentale) dans le monde. La littérature sur ce sujet s’est considérablement développée, de plus en plus de médecins hospitaliers le prescrivent à leur patients et de nombreux centres de jeûne voient le jour en Europe et en France.

 

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2/ Le jeûne thérapeutique : la controverse

Le jeûne est donc une pratique millénaire, liée aux diverses fluctuations de la disponibilité des aliments ou encore à des raisons de santé, traditionnelles, religieuses, politiques. Mais aujourd’hui, particulièrement en France, le jeûne thérapeutique est sujet à controverses. Pourquoi ? Cette controverse s’explique d’abord par le développement de la médecine scientifique et de la technologie dans la recherche scientifique qui a permit de nouvelles connaissances sur le sujet du jeûne qui apportent une diversité d’argumentaire et de réflexion. Aussi, le jeûne comme traitement ne peut pas se soumettre à la même méthodologie appliquée habituellement pour les autres traitements (randomisation contrôlée et double aveugle). Elle s’explique aussi et simplement par l’intérêt grandissant de la population et du monde scientifique sur cette pratique, il est évident qu’un sujet qui ne suscite pas d’intérêt n’est jamais soumis à la controverse ni à la polémique !

Dans toute cette controverse se dégagent 3 avis :

  • Ceux qui considèrent que le jeûne thérapeutique ne présente aucun bienfait ni intérêt thérapeutique et serait même dangereux, mais cet avis reste tout de même minoritaire.
  • Ceux qui considèrent que l’intérêt thérapeutique du jeûne n’est plus à prouver, que c’est une technique préventive et curative et qui souhaiteraient que le jeûne soit démocratisé.
  • Ceux qui considèrent que les études et travaux réalisés sur le jeûne thérapeutique sont prometteurs mais restent néanmoins prudents. Ils invitent à approfondir ces recherches notamment en dépassant le modèle animal (par exemple les travaux de Valter Longo).

3/ Définitions : qu’est-ce que jeûner ?

Jeûner est le fait de s’abstenir de manger et parfois de boire durant une certaine période variable.

Les types de jeûne

  • Le jeûne intermittent consiste à alterner des périodes de jeûne (de 14 à 16 h minimum) et des périodes de nourriture. Il existe plusieurs variantes, ce qui permet à chacun de l’adapter à sa vie et ses besoins. Par exemple, le Ramadan qui consiste à jeûner de la pointe de l’aube au coucher du soleil est un jeûne intermittent sec (ni manger ni boire).

Le fait de ne pas prendre le petit déjeuner ou de prendre le dîner plus tôt sont aussi des formes de jeûne intermittent, ou encore de jeuner une journée sur deux. Il existe de nombreuses déclinaisons du jeûne intermittent, je vous invite à lire l’article de Julien Venesson sur le sujet.

  • Le jeune hydrique est la forme de jeûne thérapeutique la plus répandue et la plus étudiée. Elle consiste à jeûner sans manger mais en buvant de l’eau, des infusions, des jus (sans fibres) ou encore des bouillons. La durée varie, cela peut être plusieurs jours comme plusieurs semaines. D’ailleurs, vous pouvez découvrir l’expérience du jeûne hydrique de 14 jours de Grégory.

 

  • Le jeûne sec consiste à ne pas manger ni boire durant une période variable qui peut aller de 1 jour à plusieurs jours. C’est un jeûne plus stricte qui comporte des risques car l’absence d’eau expose le corps humain à un risque vital en quelques jours. C’est pour cette raison que ce type de jeûne doit obligatoirement être encadré par une équipe de santé !
  • Le jeûne partiel, qui n’est pas vraiment un jeûne car il n’y a pas de restriction sur une durée mais une restriction calorique importante. Il consiste à s’alimenter faiblement, environ 300kcal par jour, à travers des jus de fruits, des bouillons, des soupes et du miel. C’est ce qu’on retrouve dans les cliniques allemandes de Buchinger.

 

4/ Pourquoi jeûner ?

Dans nos sociétés dites modernes, nous bénéficions des progrès de l’agro-alimentaire et connaissons une surabondance alimentaire. Se priver de nourriture volontairement est donc souvent aberrant aux yeux des autres. Aussi, nous pensons que notre corps n’est pas capable de se priver de manger. Alors que l’humanité a toujours jeûné. Elle a toujours été confrontée à des fluctuations d’apports de nourriture qui obligea l’Homme de s’adapter. Le jeûne a été un avantage certain pour la survie de l’espèce humaine.

Lorsque l’on parle de jeûner, nous recevons souvent cette question du pourquoi ? Comme si le jeûne était une pratique nouvelle et originale. Alors qu’encore une fois le jeûne a toujours fait partie de l’histoire de l’humanité ! Je répond donc souvent à cette question par : et pourquoi pas ?

Aujourd’hui, on jeûne soit par convictions religieuses, spirituelles, politiques, pour des raisons de santé et de bien être. Quelque soit la raison qui vous motive à jeûner, il est tout de même important de s’assurer que vous avez la vitalité pour le faire, de se poser la question de votre pourquoi et respecter certaines précautions.

5 / Comment faire un thérapeutique ?

Le déroulement du jeûne va dépendre du type de jeûne. Ici je vous parlerai du jeûne hydrique.

Se préparer mentalement :

  • Quelque soit la raison du jeûne, il est essentiel de se poser la question de votre pourquoi. Je vous conseille de clarifier et poser d’abord vos intentions. Pendant cette expérience, il y aura des hauts et des bas, surtout des difficultés psycho-émotionnelles. Et le fait de clarifier ses intentions et de se rappeler de son pourquoi sera d’une aide précieuse.

Cette étape peut se faire par écrit. Notez vos intentions de jeûne sur un carnet. Notez aussi toutes vos questions, vos doutes et peurs. Puis renseignez vous, lisez, nourrissez-vous d’expériences d’autres jeuneurs bienveillants. Notez aussi votre objectif : le nombre de jours que vous souhaitez faire, quand est ce que vous souhaitez commencer. Si c’est votre première fois, je vous invite vivement à demander de l’aide à un thérapeute qui pourra évaluer vote vitalité et vous accompagner dans cette expérience.

S’entrainer à la faim :

La faim peut être une sensation angoissante. Elle est liée à cette peur de manquer de quelque chose d’essentiel, la peur de mettre son corps en danger, l’angoisse de faire un malaise ect. Avant de vous lancer dans votre jeûne, entrainez vous à la faim. Habituez-vous à la sentir sans avoir peur. Prenez le temps de l’appréhender et l’écouter. Cette étape de réconciliation avec la faim est primordiale avant de se lancer dans un jeûne surtout s’il est long.

Pour cela, vous pouvez déjà simplement diminuer les quantités habituelles de vos repas sur 2 semaines. Puis entreprendre un jeûne intermittent de 16h de jeûne et 8h d’apports alimentaires pendant 2 semaines. Par exemple, vous ne prenez pas de petit déjeuner et vous mangez à partir de 13h. Ou bien, prenez votre dernier repas à 18h et votre premier repas à 10h. Il est aussi possible de jeûner une journée par semaine pendant plusieurs semaine pour s’entrainer. Bref,  le mieux est de se préparer au jeûne de manière progressive.

Préparer son jeûne thérapeutique pour plus de sérénité :

Il est aussi important de vous renseigner sur les différents symptômes que vous serez susceptibles de ressentir. La connaissance nous permet toujours de mieux vivre et appréhender nos peurs, nos sensations et nos émotions.

Aussi, si vous le pouvez, choisissez une période ou vous ne travaillez pas, ou vous pourrez vous reposer. Vous aurez aussi besoin de vous isoler un peu plus mais pas complètement : gardez vos moments de famille et entre amis sans que cela vous épuise.

Les mécanismes du jeûne :

Il y a différentes phases avant d’arriver à celle du jeûne :

  • la phase post prandiale qui débute 8 heures après la dernière prise alimentaire.
  • la phase post absorptive qui se situe entre 8 et 16 heures après la dernière prise alimentaire
  • la phase du jeûne qui débute quand aucune prise alimentaire n’a eu lieu après 16 heures.

Durant cette phase de jeûne, on distingue 3 phases :

  • jeûne court (1 à 4 jours) : on nomme cette phase, la phase protéique : le corps utilise les protéines des tissus musculaires pour le transformer en sucres (glucose) mais ce mécanisme qu’on appelle néoglucogenèse ne dure pas longtemps car la fonte musculaire est rapide et dangereuse. Le corps passe donc à un autre mécanisme si le jeûne continue.
  • jeûne prolongé (à partir du 5è jour) : on nomme cette phase, la phase cétonique. Elle peut durer plusieurs semaines. Le corps n’utilise plus les protéines pour produire du glucose mais plutôt les graisses. Ce mécanisme s’appelle la lipolyse. Cela permet de produire de l’énergie en épargnant les protéines et donc la masse musculaire. Le corps produit de l’énergie à partir de graisses, en synthétisant les corps cétoniques. Ce sont des molécules qui vont être utilisé facilement par le cerveau.
  • jeûne terminal ou phase terminale (étudiée uniquement chez l’animal) : elle se caractérise par l’effondrement des concentrations des corps cétoniques et des graisses, tandis que les protéines utilisées pour fournir du glucose augmentent. Chez l’animal, cette phase est le moment ou l’on remarque la reprise de recherche de nourriture. Cette phase est en quelques sortes le moment ou les limites des capacités du jeûne ont été atteintes.

Ces mécanismes expliquent en partie pourquoi nous ne sommes pas égaux face au jeûne : une personne qui a suffisamment de tissus adipeux (tissus de stockage de graisses) aura moins de difficultés de faire un jeûne prolongé qu’une personne avec peu de tissus adipeux. Pour la première, le facteur limitant sont les protéines et pour le deuxième facteur limitant sont les graisses. Ces personnes ne vont pas vivre ces 2 phases de la même manière. Mais ce ne sont pas les seuls mécanismes qui expliqueraient ces différences : l’état mental joue un rôle considérable dans les capacités d’adaptation au jeûne.

Pendant les premiers jours de jeûne :

Les symptômes que vous pouvez ressentir :

Ce sont les premiers jours qui sont difficiles mais rassurez vous, passez ces jours là, vous vous sentirez beaucoup mieux physiquement et mentalement ! Néanmoins, si vous continuez à ressentir des symptômes désagréables qui vous empêchent de vivre normalement, je vous conseille vivement de stopper votre jeûne. Un jeûne thérapeutique n’est pas sensé vous faire souffrir, ce n’est pas le but !

Pour la majorité des expériences de jeûne, ce sont des sensations de fatigue, quelques migraines et le besoin de dormir beaucoup plus. Ce qui est tout à fait normal. Au bout du 3ème et 4ème jour, certaines personnes vont ressentir des symptômes plus désagréables qui sont du à la crise d’acidose ou crise curative. Elle se manifeste par :

  • des nausées, ballonnements, aigreurs, spasmes, sensations de brouillard mental qui peuvent être dû aux variations de la production de la bile par la vésicule biliaire.
  • des migraines qui s’expliquent par la production importantes des corps cétoniques qui créent beaucoup d’acidité.
  • une tachycardie : une plus forte élimination des toxines qui accélère les pulsations et le rythme cardiaque.
  • des urines plus foncée car elles se chargent en urée, en pigments biliaires et en phosphates. 
  • langue blanche dû au ralentissement des intestins, au travail des poumons comme émonctoires et à l’acétone contenu dans les corps cétoniques.
  • des douleurs (que vous ressentez déjà en dehors du jeûne, causées par une maladie ou non), mais de manière plus importantes qui sont dû à l’inflammation provoquées par la libération d’une quantité importante de toxines.
  • sueur forte dû à la concentration en sels minéraux
  • sensation de chaleur et/ou de frilosité : L’absence de calories et la diminution des hormones thyroïdiennes provoque de la frilosité. A l’inverse, les sensations de chaleur reflète une élimination importante (= inflammation).
  • crampes dû à la perte de calcium et de potassium important pour la relaxation musculaire

Le mental durant le jeûne :

Un bon mental est extrêmement important durant le jeûne et je dirai même qu’il est l’allié le plus important de cette expérience ! Il faudra apprendre à se faire confiance et faire confiance à son corps. Les premiers jours de jeûne (1 à 4è jours généralement), le mental est affaibli et c’est tout à fait normal. Surtout pendant la crise curative dont je vous parlais juste avant. C’est durant cette phase qu’il faudra résister et renforcer votre mental car c’est la seule chose qui vous aidera ! Pour cela, vous pouvez mettre en place des petits rituels :

  • Reposez-vous au maximum
  • Etre entouré par des personnes bienveillantes qui comprennent votre démarche.
  • Occupez-vous l’esprit pour éviter que vos pensées limitantes vous parasites et vous angoissent
  • Ecrire : vos ressentis, vos pensées, vos émotions. Cela va permettre de clarifier et apaiser votre mental.
  • Cultiver la gratitude envers votre corps
  • Cultiver la sobriété
  • Développez votre spiritualité
  • Etre en contact avec les milieux naturels

Les expériences de jeûne et quelques études scientifiques montrent qu’au delà des 4 jours ou le mental est mis à rude épreuve, les sensations de faim et la peur qui y est associée disparaissent pour laisser place à une certaine forme de sérénité et même un regain d’énergie. Le jeûne a toujours été considéré comme une pratique favorable à la méditation et à l’épanouissement individuel. Par contre, au delà de 21 jours de jeûne, des signes de nervosité et de dépression apparaissent traduisant certainement les limites des capacités du corps au jeûne. A ce moment il faudra donc s’écouter et nourrir son corps.

Pour approfondir le sujet du jeûne thérapeutique sur la santé mentale, je vous conseille les travaux de Christophe André, psychiatre et psychothérapeute qui affirme par exemple que « Le jeûne est au corps ce que la méditation est à l’esprit ». 

Quelle boisson boire pendant un jeûne hydrique ?

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  • l’eau filtrée : il faudra boire en petite quantité mais tout au long de la journée. Evitez de trop vous hydrater au risque d’épuiser vos reins. Pour une eau parfaitement filtrée : L’osmoseur Origine.
  • plasma marin : vos pouvez l’ajouter en toute petite quantité dans votre eau, pour en savoir plus : “Le plasma de René Quinton”
  • bouillon de légumes cuit à basse température
  • infusions : je vous conseille d’utiliser des plantes d’adaptogènes qui augmentent nos capacités de résistances au stress, comme le Tulsi.
  • jus frais à l’extracteur pour retirer les fibres, cela permet de ne pas solliciter la digestion. Pour en savoir plus : Les jus à l’extracteurs, de véritables alliés de notre santé. 

A quelle fréquence ?

Il n’y a pas de fréquence précise à suivre pour ces différentes boissons. Le plus important est de bien s’hydrater avec de l’eau sans excès. Voici un exemple de routine pour les premiers jours de jeûne par exemple :

Vous pouvez commencer la journée avec une infusion chaude de tulsi ou mélisse par exemple.

Ensuite en milieu de journée, vous pouvez boire un jus frais à l’extracteur (2/3 de légumes et 1/3 de fruits).

Enfin, vous pouvez finir la journée avec un bol de bouillon de légumes. 

La flexibilité et l’écoute

Gardez en tête que le jeûneur a besoin de flexibilité. Si vous prévoyez de jeûner 3 semaines et que finalement vous reconnaissez vos limites au bout de 2 semaines, écoutez-vous et arrêtez le jeûne. Ne vivez pas cela comme un échec, au contraire célébrez votre victoire d’avoir réussi à jeûner plusieurs jours !

L’après jeûne :

A la fin de la période de jeûne, prenez le temps de réaliser l’expérience que vous venez de vivre. Félicitez vous, vous avez réussi à vous priver de nourriture ! Célébrez ce jeûne comme une victoire et soyez reconnaissants d’avoir un corps qui vous a permit de jeûner. Prenez le temps de conscientiser tout cela avant de sauter sur la nourriture !

En parlant de nourriture, la pire chose à faire est de reprendre votre alimentation habituelle directement. Cela risque de choquer votre corps et surtout votre digestion qui a été mise au repos plusieurs jours. Cela vous provoquera de fortes douleurs digestives. De la même manière que le jeûne demande une préparation, la reprise alimentaire doit aussi être préparée et structurée.

Reprenez en douceur et donnez-vous assez de temps. Par exemple, si vous avez jeûné 1 semaine, il vous faudra 1 semaine pour la reprise environ :

  • Mangez en pleine conscience : Prenez le temps de mastiquer plusieurs minutes, connectez-vous à vos sensations alimentaires, aux goûts et aux saveurs.
  • Les 3 premiers jours, commencez par des petits repas, évitez les grandes quantités. Evitez le cru. Continuez les jus, les infusions et à bien vous hydrater avec de l’eau. Privilégiez les repas cuits à basse température et digeste. Par exemple : les soupes, les compotes, les purées.
  • A partir du 4ème jour, vous pouvez reprendre quelques crudités, je vous conseille de commencer par les graines germées par exemple.
  • A partir du 5ème jour, vous pouvez réintroduire des féculents et des protéines.
  • Après le 7ème jour vous pouvez reprendre une alimentation habituelle, équilibrée et adaptées à vos besoins.

Si vous souhaitez vous lancer dans un jeûne hydrique et court, vous pouvez lire l’article Conseils pour jeûner durant 5 jours facilement.

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Les compléments alimentaires pour accompagner le jeûne thérapeutique

Si vous souhaitez prolonger les effets bénéfiques du jeûne, vous pouvez vous complémenter même si cela n’est pas indispensable, je vous conseille de ne pas vous perdre dans plusieurs compléments alimentaires inutiles.

Le Triphala est l’une des formules végétales les plus anciennes et les plus renommées utilisé en Ayurvéda. Un mélange doux et nourrissant de trois fruits, l’Amla, Bibhitaki, Haritaki. Cette synergie soutient la fonction digestive et augmente l’assimilation des nutriments. Elle sera utile pour la reprise de l’alimentation.

Les bienfaits du jeûne thérapeutique

Données scientifiques dans le monde :

Comme je vous l’ai dit en début de ce dossier, il existe une véritable controverse dans le monde scientifique. Beaucoup d’études sont réalisées sur ce sujet mais peu sont validées. Ceci pour des raisons de non validation des techniques et des protocoles mis en place considérés comme faibles ou incomplets. Dans un article de l’INSERM, il est expliqué qu’il est quasiment impossible de respecter parfaitement les règles de validation sur le sujet du jeûne et que pour avancer dans ces recherches il faudrait adoucir les règles de validation des études sérieuses tout en précisant leur limites. Pour comprendre ce sujet, je vous renvoie à cet article sur les difficultés liées à la réalisation des études sur le jeûne. 

Aussi, il y très certainement un manque de volonté d’approfondir cette question et donc de financer ces études. Malheureusement, aujourd’hui, le pouvoir du lobbie pharmaceutique est tel qu’il ne souhaite financer uniquement les études qui pourront lui apporter beaucoup d’argent et le jeûne n’en fait pas partie.

Aujourd’hui, il y a 4 grandes études qui sont contrôlées randomisées :

  • le jeûne contre la polyarthrite rhumatoïde (Skoldstam, Larsson et al. 1979; Kjeldsen-Kragh, Haugen et al. 1991)
  • le jeûne contre le syndrome de l’intestin irritable (Kanazawa and Fukudo 2006)
  • le jeûne comme prévention des maladies cardio vasculaire (Huber, Nauck et al. 2005)

De nombreuses autres études prometteuses mais toujours en cours travaillent sur les effets positifs du jeûne sur :

  • les personnes atteintes de cancer et traitées par chimiothérapie. Les premiers résultats montreraient que ces personnes tolèrent mieux les effets négatif de la chimiothérapie lors d’un jeûne court.
  • la diminution de la taille des tumeurs (diminution des hormones et des facteurs de croissance)
  • la fatigue chronique
  • l’obesité
  • les troubles du sommeil
  • dermatite atopique
  • hypertension artérielle
  • la diminution des douleurs en cas de maladies chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde ou la fibromyalgie
  • l’amélioration des syndromes métaboliques comme le surpoids, l’obésité, le diabète (augmentation de l’action de l’insuline, augmentation de la dégradation des graisses et de la tension artérielle).
  • la diminution des symptômes des maladies liées à l’intestin (Crohn, côlon irritable…)
  • l’amélioration du microbiote intestinal
  • l’amélioration de l’état émotionnel et psychologique

Les actions du jeûne thérapeutique sur :

  • La digestion et les émonctoires : La digestion est l’un des mécanismes qui mobilisent le plus d’énergie. Ainsi, le fait de mettre au repos ce mécanisme permettra d’économiser cette énergie. Cette énergie gagnée pourra être utilisée par d’autres organes, notamment les émonctoires (foie, reins, peau, poumons, intestin). Les émonctoires sont des portes de sorties pour les toxines : ils trient et filtrent les déchets du sang. Dans le cas où il y a une surcharge de déchets, les émonctoires sont saturés et ne peuvent pas jouer le rôle correctement. Le jeûne est donc une manière de mettre au repos la digestion, relancer l’énergie et soutenir les fonctions des émonctoires.

 

  • La protection du système hématopoïétique : Le système hématopoïétique est l’ensemble des organes qui contrôlent la formation des cellules du sang. Parmi elles: les globules rouges, les globules blancs ou les plaquettes. Ce système est impliqué dans le bon fonctionnement de notre immunité. Notamment dans la reconnaissance d’antigène (corps étrangers) par les lymphocytes T (les cellules de notre système immunitaire). Lorsque l’on subit de lourds traitements chimiques comme la chimiothérapie, notre immunité peut être ralentie voir inhibée. Après plusieurs jours de jeûne, on observe une augmentation de ces lymphocytes, la reconstitution de l’immunité et une augmentation des cellules souches.

 

  • La résistance au stress oxydatif : Des études ont été menées sur des souris atteintes d’un cancer. La chimiothérapie (mais pas que) induit la production de composés réactifs dérivés de l’oxygène qu’on appelle ROS (par exemple les radicaux libres). Ces composés sont toxiques, ils endommagent la structure de nos cellules et créent ce qu’on appelle le stress oxydatif (c’est à dire qu’il y a plus de radicaux libres que d’antioxydants – des molécules qui protègent nos cellules – dans notre corps). L’expérience menée était de soumettre les souris cancéreuses au jeûne en plus du traitement de la chimiothérapie et comparer le taux de survivantes à un groupe de souris témoin (traitement de chimiothérapie sans le jeûne). Cette étude a mis en évidence qu’il y avait 96% de survivantes contre 34% chez le groupe témoin. Chez les souris cancéreuses, le jeûne augmente la résistance au stress oxydatif et à la toxicité induite par la chimiothérapie.

 

  • La stimulation des mécanismes d’autophagie : L’autophagie (« se manger soi même ») est la dégradation du cytoplasme par la cellule elle-même. C’est un nettoyage des déchets accumulés dans les lysosomes. Ces petits « sacs » dont sont dotés nos cellules contiennent des enzymes digestives. Elles permettent de détruire ces fameux déchets. Le corps procède donc à un premier recyclage puis à un véritable décrassage. Il va se régénérer en éliminant les parties usées. L’autophagie est donc un mécanisme naturel de régulation. Il permet l’adaptation et la survie des cellules soumises à des conditions de stress. Il existe naturellement quand nous nous alimentons mais est boosté par le jeûne. Les études de Yoshinori Ohsumi, prix Nobel de médecine et de physiologie en 2016, ont d’ailleurs mis en évidence que le jeûne stimulait davantage les mécanismes d’autophagie et les mécanismes de détoxication. À noter que le dysfonctionnement de ces mécanismes peut être associé à des maladies tel que le cancer, Parkinson ou des infections bactériennes et virales.

 

6/ Les limites du jeûne thérapeutique

Bien que je sois une adepte du jeûne thérapeutique, je dois vous préciser que non, le jeûne thérapeutique n’est pas pour tout le monde !

Premièrement, il faut reconnaitre que l’Homme d’aujourd’hui n’a pas les même capacités d’adaptation à la faim que l’Homme d’autrefois. Et cela est dû à notre mode de vie moderne, notre alimentation ultra transformée, notre sédentarité ect. Je remarque donc que nous avons en partie perdu cette résistance à la privation.

Deuxièmement, jeûner demande de l’énergie et précisément de la vitalité. On n’entreprend pas un jeûne thérapeutique quand nous sommes déjà dévitalisés, avec un épuisement physique et mentale. Cela risque d’aggraver fortement les choses. Je vous invite à lire mes articles “Comment augmenter sa vitalité et “Comment augmenter son immunité?“. Aussi, pour mener à bien un jeûne thérapeutique, il faut que nos émonctoires soient en capacité de prendre en charge la grande quantité de déchets qui sera évacuée naturellement par le jeûne. Si nos émonctoires sont déjà “affaiblies”, les symptômes de la crise curative peuvent être insupportables. Pour en savoir plus les mécanismes de détoxification de nos émonctoires, je vous invite à écouter mon podcast : Les cures détox, c’est du bullshit !“.

Troisièmement, se priver de nourriture durant une période plus ou moins longue n’est pas anodine. Surtout dans les cas de certaines maladies notamment les troubles psychologiques. Je remarque que les personnes souffrant ou ayant souffert de troubles du comportement alimentaires (TCA) sont dans l’incapacité de jeûner sereinement. Chez ces personnes, le jeûne provoque plus de crises de boulimie. Je déconseille d’entreprendre un jeûne thérapeutique sans être accompagné par un professionnel de santé spécialisé dans le jeûne et dans les TCA.

Pour conclure ce dossier sur le jeûne thérapeutique, j’aimerai ajouter quelque chose. Il ne faut pas considérer le jeûne comme une simple restriction calorique. Le jeûne thérapeutique a une autre dimension, c’est une autre vision de la santé. C’est une approche pleine d’humilité qui nous rappelle la complexité qui lie notre corps physique et notre corps spirituel. C’est un moment de régénération de notre corps et notre esprit : une rencontre avec soi. 

En espérant que cet article vous aidera à mieux comprendre le jeûne thérapeutique et de mener à bien votre expérience, prenez soin de vous ❤️!

Si cet article vous plaît, n’hésitez pas à laisser un commentaire et à le partager autour de vous ❤️!

 

SOURCES SUR LE JEÛNE THERAPEUTIQUE:

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/file/index/docid/651422/filename/2011GRE15119_lemar_jerome_1_D_.pdf

Françoise Wilhelmi de Toledo, Franziska Grundler, Audrey Bergouignan, Stefan Drinda, Andreas Michalsen : « Safety, health improvement and well-being during a 4 to 21-day fasting period in an observational study including 1422 subjects.“» PLOS ONE, le 2 janvier 2019

https://www.buchinger-wilhelmi.com/fr/wissenschaft/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24905167
Prolonged Fasting Reduces IGF-1/PKA to Promote Hematopoietic-Stem-Cell-Based Regeneration and Reverse Immunosuppression

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18378900

https://www.cell.com/trends/molecular-medicine/fulltext/S1471-4914(12)00093-7
“Le jeûne, une nouvelle thérapie ? de Thierry de LESTRADE (film & livre)

https://www.jeunerpoursasante.fr/

https://www.science-et-vie.com/archives/le-jeune-est-une-arme-contre-le-cancer-31916