Nous toutes ou rien, pour un féminisme inclusif

 

A l’occasion du 8 Mars, la journée des droits des femmes, j’ai écrit un texte partageant ma vision du féminisme inclusif, pour ouvrir une discussion et une réflexion.

C’est NOUS TOUTES ou rien

Pour un féminisme qui n’exclue personne.

Je me souviens de ma belle-mère me disant un jour sur le ton du jugement : «Tu sais, chez moi, quand mon mari rentrait à la maison, après le travail, les enfants étaient tirés à quatre épingles, et le repas était prêt, il n’avait plus qu’à mettre les pieds sous la table» ⁠ Ou toutes les autres fois :⁠ «Tu ne sais pas préparer le couscous, quel dommage pour mon fils»,…⁠

Plus tard, elle me racontera avec moult envolées lyriques, son engagement dans le MLF, dans « mai 68 », sa soif de liberté et de libérer,…⁠

Elle me partagera généreusement sa vision stéréotypée de « ma » culture, de ma condition, opposant frénétiquement et sans objet «sa» culture à la mienne.⁠

Nous et vous.⁠

Et puis je voyais ma mère, la porteuse de la culotte, la maîtresse des finances, l’agent immobilier, la décidée, la décideuse, la seule femme qui après avoir préparé un couscous (délicieux) pour 18, dit « Habibi » à tout ce qui bouge, pouvait dire à mon père dépassant les bornes (à sa moustache de 4m3 et son regard noir) d’aller se faire voir, sans qu’il bronche.⁠

Et mon père (et sa moustache de 4m3) qui torchait nos fesses et tressait nos cheveux, pendant que ma mère faisait la tambouille chez ses employeurs… Mon père qui après une journée de chantier, faisait la vaisselle et le ménage en se faisant invectiver par mon grand-père (maternel) lui reprochant : «Mohamed, t’as pas assez de filles ?» et mon père « c’est mieux quand c’est moi qui le fait et ça fait pas moins de moi un homme ». Mon père et son légendaire « Moi, je suis toujours du côté de la femme » quand il y a embrouille.⁠

Nous et vous.⁠

Pour un féminisme inclusif

Pour moi, le féminisme c’est simple, ce n’est pas une théorie, ce n’est pas une vue de l’esprit qui oppose.⁠

Le féminisme est une déconstruction quotidienne, un travail sur la notion de privilège et notre contribution à la perpétuation de la domination, des injustices et de leur discours.⁠

Le changement ne peut s’amorcer que par nous les femmes, les limites qu’on met, les mains qu’on (se) tend, les modèles qu’on refuse de reproduire ou de soutenir, les choix de nos partenaires, les rappels à l’ordre, l’éducation et la protection de nos filles et de nos garçons.⁠

Fatima Ftaich
Co-Founder de VIDYA