Le jeûne pour améliorer sa santé

«Il faut être mesuré en tout, respirer de l’air pur, faire tous les jours (…) de l’exercice physique et soigner ses petits maux par le jeûne plutôt qu’en recourant aux médicaments» Hippocrate (460-375 av. J.-C.).

Père de la médecine occidentale, Hippocrate soulevait déjà les bienfaits du jeûne bien avant que cette pratique devienne un “effet de mode” comme à notre époque. Jeûner d’accord mais pourquoi ? Comment ? Combien de temps ? Nous allons aborder toutes ces questions au cours de cet article mais restez vigilant car jeûner n’est pas sans risque pour la santé. Avant de vous lancer retenez que le jeûne n’est pas un remède mais une pratique dont il est essentiel de comprendre les mécanismes et suivre certaines recommandations.

QU’EST CE QUE LE JEÛNE ?

Le jeûne est la restriction totale et sur une durée déterminée d’aliments autres que l’eau.On peut parler de jeûne intermittent lorsqu’on limite les apports caloriques à 300-350kcal/jour pendant 3 à 7jours ou qu’on jeûne à l’eau pendant une période de la journée (généralement 16h, en ne petit déjeunant pas) pendant une certaine durée. Le jeûne est une pratique allant à l’encontre de notre mode d’alimentation qui est trop importante en terme de quantité mais généralement trop pauvre en terme de qualité.

POURQUOI JEÛNER ?

LE JEÛNE POUR DÉTOXIFIER L’ORGANISME

La suralimentation et la consommation d’aliments transformés/industriallisés entraînent l’accumulation de déchets dans notre organisme, on parle alors de toxémie, terme défini par le Docteur Tilden au XIXème siècle. Les toxines que nous ingérons ne s’accumulent pas dans les liquides circulatoires (lymphe, sang) mais s’entreposent dans des tissus moins vitaux comme le foie, les graisses ou encore les os. En période de jeûne les déchets retournent dans les circulations lymphatique et sanguine et vont pouvoir être éliminés.
Comme l’explique Raphaël Perez, docteur en pharmacie, “quand on jeûne, le corps accélère son rythme d’élimination des toxines par le foie, les reins, la peau… Comme nous n’avons plus d’alimentation, le corps utilise ses réserves”.

Le jeûne est un véritable processus d’élimination où les tissus et cellules endommagés ou non fonctionnel sont détruits, on parle d’autolyse ou d’autophagie. Ainsi il prévient le vieillissement des tissus et des cellules participant alors à l’augmentation de la durée de vie.

LE JEÛNE COMME REPOS PHYSIOLOGIQUE

Le jeûne permet de mettre au repos tout notre système digestif (de l’estomac à l’intestin) et de guérir les éventuels dysfonctionnement qui leur sont liés. Le jeûne n’est pas un remède à une maladie mais il peut aider à la guérir. Le docteur Tilden le dit “Je ne crois pas dans le jeûne comme remède”, “le jeûne est un processus biologique et non une mesure thérapeutique” affirme le docteur Shelton. Car selon ces docteurs, pour guérir une maladie il faut supprimer sa cause et non soigner les symptômes. Si le jeûne permet de faire disparaître momentanément la maladie il ne la guérit pas si le sujet en question reprend exactement le même mode de vie après sa période de jeûne.

JEÛNE ET MALADIES INFLAMMATOIRES CHRONIQUES

Des études ont notamment montré que la restriction calorique et le jeûne intermittent étaient associés à la décélération ou la prévention de la plupart des maladies inflammatoires dégénératives et chroniques. Ont également été observées une diminution générale des signaux associés au vieillissementet la promotion de l’autophagie (permet l’élimination et le remplacement des cellules non fonctionnelles) lors d’un jeûne. Le jeûne intermittent pouvait être utilisé comme traitement d’accompagnement lors d’une chimiothérapie.
Fasting therapy for trating and preventing disease, current state of evidence ; Michalsen A, Li C. ; 2013

Une étude de 2005 a montré qu’une période de jeûne intermittent (7 jours avec moins de 350kcal/jour)a atténué les douleurs chez des patients atteints de maladies/douleurs chroniques. Ils concluent que le jeûne peut être mis en oeuvre de manière sûre et efficace dans un objectif de médicine intégrative pour des patients hospitalisés.
Michalsen A, Hoffmann B, Moebus S, Bäcker M, Langhorst J, Dobos GJ. Incorporation of fasting therapy in an integrative medicine ward: evaluation of outcome, safety, and effects on lifestyle adherence in a large prospective cohort study. J Altern Complement Med. 2005 Aug;11(4):601–7.

D’autres études montrent que les périodes de jeûne (300kcal/j) activent le système neuro-endocrinien (système dirigeant les sécrétions hormonales du systèmes nerveux).
Michalsen A, Schneider S, Rodenbeck A, Lüdtke R, Huether G, Dobos GJ. ; The short-term effects of fasting on the neuroendocrine system in patients with chronic pain syndromes. ; Nutr Neurosci. 2003 Feb;6(1):11–8.

JEÛNE ET OBÉSITÉ

Des chercheurs ont étudié les conséquences d’un jeûne intermittent sur des patients atteints d’obésité. Ces sujets ont suivi 14 jours de jeûne intermittent comprenant 2 jours de préparation (800kcal/jour), 9 jours de jeûne (300kcal/jour) et 3 jours de réintroduction d’aliments standards. Ils ont observés une perte de poids mais aussi des bénéfices marqués sur la régulation de la glycémie, la sensibilité à l’insuline, la diminution des risques métaboliques et l’amélioration du système endocrinien.
Li C, Ostermann T, Hardt M, Lüdtke R, Broecker-Preuss M, Dobos G, et al. Metabolic and Psychological Response to 7-Day Fasting in Obese Patients with and without Metabolic Syndrome. CMR. 2013;20(6):413–20.

La période de préparation et de reprise du jeûne à l’eau sont tout autant importante que le jeûne en lui même. Après un jeûne il est essentiel de mettre en place une alimentation plus saine qu’auparavant afin de pas perdre les bénéfices du jeûne.

QUI PEUT JEÛNER ? ET QUAND JEÛNER ?

Jeûner dépend de l’âge, de la vitalité, des réserves du sujet et des éventuelles maladies à soulager. Il est indispensable de consulter un médecin pour avoir un avis médical pour réaliser un jeûne, surtout ceux de plus de 3 jours car un jeûne peut être néfaste pour certaines personnes. De plus si vous êtes sous un traitement particulier il vous conseillera quant à la prise de vos médicaments (certains traitements doivent être pris qu’aux périodes des repas!).
De plus ln jeûne n’est pas conseillé pour des personnes souffrant de certaines pathologies comme des troubles du comportement alimentaire, une hypoglycémie, une maladie rénale ou hépatique etc…

Il est préférable de faire des petits jeûne répétés plutôt qu’un gros jeûne de plusieurs semaines. Un jeûne de quelques jours peut être réalisés plusieurs fois par an pour permettre d’éliminer les déchets accumulés.

COMMENT JEÛNER ?

Fixez vous la date et la durée de votre jeûne à l’eau. Préférez une période où vous n’êtes pas surchargé ni en conditions stressantes.

Allez-y progressivement:

– Deux jours avant: éliminez le sucre, les produits transformés et la caféine de votre alimentation
– Un jour avant: consommez surtout des fruits et légumes crus, évitez les produits animaux (viande, poisson, oeuf et produits laitiers)
Pendant une journée de jeûne il est conseillé de boire au moins 2L-3L d’eau répartis sur toute la journée. Si vous ressentez une sensation de faim buvez un verre d’eau ou une tisane et reposez-vous le temps que cette sensation passe. Evitez les activités sportives trop intenses et privilégiez des activités plus douces comme le yoga ou la marche.
Il faut rompre un jeûne de façon progressive: commencez par boire un jus fraîchement pressé puis mangez en petite quantité toutes les deux heures environ et commencez par consommer des aliments facilement digérables

LES RÉACTIONS OBSERVABLES

Durant les deux premiers jours le corps entame une détoxination et éliminer les déchets stockés dans les tissus. Il est possible d’observer l’apparition de petits boutons, de mauvaises odeurs, une mauvaise haleine, des maux de tête ou des vertiges, mais ce sont la preuve que votre corps élimine les toxines. Restez bien à l’écoute de votre corps et évitez de le brusquer car pendant le jeûne l’organisme fonctionne au ralenti, le volume de sang est plus fluide et le coeur travaille jusqu’à trois fois moins.